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Relation économique Gabon –France : Alain-Claude Kouakoua met les pieds dans le plat


Relation économique Gabon –France : Alain-Claude Kouakoua met les pieds dans le plat

Alin-Claude Kouakoua, le Président de la Fédération des entreprises du Gabon ( FEG) Credit:© 2025 D.R./Le Radar

Le président de la Fédération des entreprises du Gabon (FEG), Alain-Claude Kouakoua, n’a pas mâché ses mots lors de la rencontre tenue récemment à Libreville avec la délégation de MEDEF International, composée de 63 entreprises françaises.

Face à ses interlocuteurs, il a dressé un constat sans détour : le Gabon ne veut plus de partenariats à sens unique.

« Le temps des promesses est révolu »

Devant les représentants du patronat français, Kouakoua a rappelé que la période des missions exploratoires répétitives, des engagements vagues et des collaborations « déséquilibrées » touche à sa fin.

Le Gabon, a-t-il insisté, attend désormais des usines, des compétences, des emplois, et non de simples catalogues de solutions importées qui perpétuent la dépendance économique.

Dans les secteurs des infrastructures, de la transformation minière ou forestière, trop peu de projets ont abouti à de véritables coentreprises ou à une montée en puissance des PME locales. Pour la FEG, laisser la valeur ajoutée s’évaporer vers le Nord n’est plus acceptable, surtout dans un contexte où le pays affiche de fortes ambitions industrielles.

Des intentions françaises encourageantes, mais insuffisantes

Le discours français semble évoluer. Philippe Labonne a martelé que la souveraineté se construit par la production et que la réindustrialisation constitue une urgence. Sur le papier, cette vision rejoint les attentes gabonaises.

Mais les entreprises locales demandent désormais des résultats tangibles :

des investissements chiffrés,

des unités industrielles concrètes,

des transferts de technologie mesurables,

des contrats intégrant des obligations de formation,

et un partage du marché réellement équilibré.

Pour la FEG, les déclarations de principe ne suffisent plus.

Un rappel aux contradictions

Alain-Claude Kouakoua a interpellé ses interlocuteurs : comment revendiquer un partenariat « gagnant-gagnant » tout en conservant la quasi-totalité de la valeur ajoutée ? Comment parler de co-développement sans ouvrir le capital des projets aux opérateurs gabonais ? Comment évoquer la montée en compétence sans en faire une clause contractuelle obligatoire ?

Selon lui, les pratiques actuelles restent à l’opposé des ambitions affichées.

Le Gabon veut désormais piloter son industrialisation

Ce discours ferme s’apparente aussi à un message politique : le Gabon refuse de subir sa trajectoire industrielle et entend en prendre le contrôle.
Et si les entreprises françaises souhaitent conserver leur place privilégiée, elles devront s’adapter.

À défaut, d’autres acteurs asiatiques, turcs ou moyen-orientaux, n’hésiteront pas à investir les espaces laissés vacants.

Le patriotisme économique comme ligne directrice

Alain-Claude Kouakoua parle avec la légitimité de l’expérience. Ancien cadre d’Agro-Gabon, il a quitté l’entreprise via un départ volontaire pour lancer sa propre société. Parti de zéro, il dirige aujourd’hui un groupe majeur qui fait entre autres dans le transport de carburant, les assurances, le BTP, devenu une référence nationale malgré les persécutions subies sous le régime Bongo.

Sa résilience et son parcours entrepreneurial renforcent la portée de ses prises de position. Aujourd’hui, il pilote plusieurs chantiers d’envergure, dont celui du Camp De Gaulle à Libreville, symbole de sa capacité à s’imposer durablement dans le secteur.

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